Léon BEYLE
Léon Beyle (Werther) lors de la nouvelle production d'avril 1903 de Werther à l'Opéra-Comique
Augustin BEYLE dit Léon BEYLE
ténor français
(21 passage de l’Hôtel Dieu, Lyon 2e, Rhône, 28 février 1871* – 6 rue de la Charité, Lyon 2e, 17 juillet 1922*)
Fils de Laurent Elie BEYLE (Chanas, Isère, 14 août 1843* – Lyon 2e, 14 juin 1923*), horloger [frère d’Augustin Joseph BEYLE, père de Gaston BEYLE, baryton], et d’Adèle POIRET (Lyon, 02 décembre 1848 – av. 1901), mariés à Lyon 2e le 11 décembre 1869*.
Frère de Gustave Marie Gaston BEYLE (Lyon 2e, 03 août 1876* – Lyon 2e, 15 octobre 1953), médecin militaire [épouse à Lyon 2e le 14 septembre 1918* Françoise Joséphine RAYMOND (Argis, Ain, 08 août 1884 –)].
Epouse à Paris 12e le 16 mars 1901* Blanche Antoinette Elisabeth REVERCHON (Paris 12e, 22 juin 1874* – 60 rue Vergniaud, Paris 13e, 02 décembre 1967*), fille de Victor Théodore Henry REVERCHON (1847 – av. 1901), boulanger, et de Claudia Marie Eugénie TALMAS (1853 – ap. 1901), boulangère [divorcée le 30 mars 1899 de Marie Albert DE ROUGET].
Après des études vocales au Conservatoire de Lyon d’où il sortit avec un premier prix de chant, il entra au Conservatoire de Paris où il obtint en 1895 un second prix de chant, et en 1896 un second prix d’opéra et les premiers prix de chant et d’opéra-comique. Il débuta au Palais Garnier le 25 janvier 1897 mais la salle Favart s'empara de lui en octobre 1898. Au cours d'une brillante carrière à l'Opéra-Comique, ainsi qu'en province, cet artiste a tenu, soit en les créant soit en les reprenant, un nombre de rôles considérable. Cependant son plus beau titre de gloire est sans doute d'avoir réussi à lancer en 1903, Werther qui stagnait depuis 1893 et à qui il permit, grâce à ses accents romantiques où la douleur se mêlait au charme, de toucher intensément le public. Son abondante discographie commence dès 1903 ; jusqu'en 1916, il enregistra plus de 400 faces de disques, dont le rôle-titre de la première intégrale en français de Faust de Gounod (Pathé, 1911/1912). Il a enregistré une dizaine de faces sous le pseudonyme de Stendhal [il portait le même patronyme que ce célèbre écrivain]. Il quitta l’Opéra-Comique en 1920 et s'adonna à l'enseignement à Lyon, où il mourut à cinquante-et-un ans des suites d’une opération chirurgicale. Il était le cousin du baryton Gaston Beyle.
En 1901, il habitait 40 rue des Martyrs à Paris 9e ; en 1911, 5 rue Richard-Wagner [devenue rue Albéric-Magnard après la Première Guerre mondiale] à Paris 16e. Lors de son décès, il était domicilié 15 bis rue Moncey à Paris 9e.
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il a débuté le 25 janvier 1897 dans Don Juan (Ottavio).
Il a chanté Hamlet (Laërte, 1898) ; les Maîtres chanteurs de Nuremberg (David, 1898). |
Sa carrière à l'Opéra-Comique
Il a débuté le 26 octobre 1898 dans Carmen (Don José).
Il a créé le 24 mars 1899 Beaucoup de bruit pour rien (Claudio) de Paul Puget ; le 14 juillet 1900 la Marseillaise (Rouget de Lisle) de Lucien Lambert ; le 08 février 1901 la Fille de Tabarin (Roger) de Gabriel Pierné ; le 30 mai 1902 la Troupe Jolicœur (Jacques) d'Arthur Coquard ; le 16 mars 1904 la Fille de Roland (Gérald) d'Henri Rabaud ; le 27 mars 1906 Aphrodite (Démétrios) de Camille Erlanger ; le 09 décembre 1908 Sanga (Jean) d'Isidore de Lara ; le 08 décembre 1909 Myrtil (Hylas) d'Ernest Garnier ; le 07 février 1912 la Lépreuse (Ervoanik) de Sylvio Lazzari ; le 18 décembre 1912 la Sorcière (don Enrique) de Camille Erlanger ; le 20 mars 1913 le Carillonneur (Joris) de Xavier Leroux
Il a participé à la première le 18 juin 1900 d'Iphigénie en Tauride (Pylade) de Gluck ; le 13 octobre 1903 de la Tosca (Mario Cavaradossi) de Giacomo Puccini [version française de Paul Ferrier] ; le 18 décembre 1907 d'Iphigénie en Aulide (Achille) de Gluck ; le 22 mai 1908 de Snégourotchka (le Tzar) de Rimski-Korsakov [version française de Pierre Lalo] ; le 23 janvier 1911 de l'Ancêtre (Tebaldo) de Camille Saint-Saëns.
Il a chanté Alceste (Admète, 1904) de Gluck ; Cavalleria rusticana (Torrido, 1901) ; le Clos (Jean-Simon) ; les Contes d’Hoffmann (Hoffmann, 1911) ; la Flûte enchantée (Tamino) ; Fidelio (Florestan, 1906) ; Lakmé (Gérald, 1909) ; Louise (Julien, 1901) ; Madame Butterfly (Pinkerton) ; Manon (Des Grieux, 1901) ; Marie-Magdeleine (Jésus, 1907) ; Miarka (le Roi) ; Mignon (Wilhelm Meister) ; Philémon et Baucis (Philémon) ; la Reine Fiammette (Danièlo, 1910) ; le Rêve (Félicien, 1900) ; le Roi d'Ys (Mylio, 1902) ; la Traviata (Rodolphe, 1903) ; le Vaisseau fantôme (Erik, 1904) ; Werther (Werther, 1903). |
Léon Beyle dans Alceste (Admète) à l'Opéra-Comique en 1904
Léon Beyle dans Manon (Des Grieux) en 1907
Léon Beyle en 1907
Ténor, a débuté dans Don José, de Carmen, et Wilhem Meister, de Mignon. Jolie voix. De l'avenir. A chanté à l'Opéra et en province. (Adrien Laroque, Acteurs et actrices de Paris, juillet 1899)
Est un des plus jeunes et des plus précieux ténors de l'Opéra-Comique ; sa belle voix d'une grande étendue fait merveille dans les drames lyriques. C'est, en outre, un excellent pensionnaire, toujours prêt et très apprécié de ses directeurs. Léon Beyle est né à Lyon en 1871. Il commença ses études musicales au Conservatoire de sa ville natale où il fut élève dans la classe d'opéra de l'excellent Alexandre Luigini, l'éminent chef d'orchestre. En 1894, il entra au Conservatoire de Paris, pour le chant dans la classe de Bussine, pour l'opéra-comique dans celle de Taskin. Deux ans après, il remporta le premier prix de chant et le premier prix d'opéra-comique (concours de 1896). Réclamé par les directeurs de l'Opéra, il débuta la même année à l'Académie de musique où il resta deux ans et chanta notamment : don Ottavio de Don Juan ; David des Maîtres Chanteurs de Nuremberg ; Faust ; Nicias de Thaïs. En 1898 il fut engagé à l'Opéra-Comique, il débuta dans le rôle de Don José de Carmen où il obtint le plus vif succès ; l'excellent ténor a chanté par la suite, tout le répertoire en artiste correct et en bon musicien, il a créé le rôle de Claudio dans Beaucoup de bruit pour rien et en 1901 le rôle de Roger dans la Fille de Tabarin. A la dernière reprise de Fidelio avec Mme Rose Caron, c'est Léon Beyle qui a tenu avec une grande autorité le rôle de Florestan. Il a été vivement applaudi à côté de la célèbre tragédienne lyrique ainsi que dans Pylade d'Iphigénie en Tauride. (l'Annuaire des Artistes, 1902)
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Léon Beyle dans la Reine Fiammette (Danièlo) en 1912
Léon Beyle dans le Roi d'Ys (Mylio)
Mort de Léon Beyle. L'un des plus célèbres ténors de l'Opéra-Comique, M. Léon Beyle, vient de mourir, à Lyon, des suites d'une opération. Né le 28 février 1871 à Lyon, Léon Beyle obtint, au Conservatoire de Paris, les premiers prix de chant et d'opéra-comique en 1896. Après un court passage à l'Opéra, il débute à l'Opéra-Comique, le 26 octobre 1898, dans le rôle de Don José de Carmen. Pendant vingt-cinq ans, il tint à la salle Favart les premiers rôles de ténor avec une maitrise remarquable. Son nom reste attaché aux plus importantes créations de l'Opéra-Comique. Citons Aphrodite, la Tosca, le Carillonneur, la Navarraise, Snegourotchka, l’Ancêtre, la Sorcière, la Reine Fiammette, Grisélidis, Sanga, Marie-Magdeleine, la Lépreuse, qu'il créa avec un éclatant succès. Il a joué la plupart des pièces du répertoire : Alceste, Fidelio, Iphigénie en Tauride, Iphigénie en Aulide, le Vaisseau fantôme, Louise, les Contes d'Hoffmann, la Traviata, Manon et enfin Werther, qui fut le triomphe de sa carrière théâtrale. Beyle était un bel artiste, intelligent et modeste comme tous les hommes de valeur. C'est une grande perte pour le théâtre. (le Ménestrel, 21 juillet 1922)
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Léon Beyle (Mario Cavaradossi) et Claire Friché (Floria Tosca) dans la Tosca en 1903
Ce fut un bel artiste. Léon Beyle sortit du Conservatoire de Paris avec les premiers Prix de chant, d'opéra-comique et d'opéra ; réclamé pour deux années par l'Opéra, il fait ses débuts dans Faust, et chante notamment Don Juan et Hamlet. Engagé à l'Opéra-Comique, il débute dans le rôle de Don José. Il ne devait plus quitter ce théâtre, où sa longue carrière, unique, puisqu'il tint dans cette grande maison l'emploi de premier ténor pendant près de vingt-trois ans, restera comme un exemple de droiture et de probité artistiques. Elevé à la rude école d'Albert Carré, qui comprenait que l'Artiste lyrique doit être apte à chanter le Classique, le Répertoire et la musique moderne, il réalisait, avec un organe robuste, chaudement coloré, admirablement homogène, une technique impeccable, un grand style : les qualités essentielles des grands ténors français. Que de créations ! Que de rôles ! Que de succès ! En 1903, Werther, dont il fit une composition romantique remarquable ; son physique, sa voix teintée de tendresse et d'émotion, faisaient de lui la vivante figure de Werther. Puis Aphrodite, qu'il chante sans être remplacé une seule fois pendant huit années ; le Rêve, la Reine Fiammette, Louise, Madame Butterfly, Manon, Lakmé, les Contes d'Hoffmann, Mignon, Mireille, Cavalleria, et ses créations : Beaucoup de bruit pour rien, Tosca, Snegourotchka, Marie-Magdeleine, Sanga, le Carillonneur, la Sorcière, la Fille de Roland, la Lépreuse, et d'autres que j'oublie. Il fut remarquable, par son style et sa simplicité, dans le Classique : Fidelio, Iphigénie en Aulide, Alceste, Iphigénie en Tauride, rôles redoutés de beaucoup de ténors par leur tessiture élevée, et dans lesquels il ne fut pas doublé. Il lui manqua peu de choses pour être un grand artiste, ai-je lu dernièrement. Oui, il lui manqua ce à quoi sa modestie répugnait : la réclame. Il pensait que l'artiste, digne de ce nom, donnant au public tout son talent, le fruit d'un long travail raisonné, était suffisamment armé pour défendre une œuvre avec le moins de chances de se tromper, et que les égratignures ne devaient pas le faire dévier de la route droite qu'il montait. Lorsqu'il avait une générale, une première, Beyle ne lisait jamais les critiques, de peur que, cédant à certaines tendances, il ne vint à trahir la pensée des auteurs qu'il était chargé de défendre. Il n'ouvrait les journaux qu'au bout d'un certain nombre de représentations, et alors les critiques les plus dures s'estompaient souvent par l'éloignement. Sa renommée le conduisit dans toutes les grandes villes de France et même en République Argentine, où il apportait les belles traditions de l'Opéra-Comique. Léon Beyle fut un grand chanteur, un glorieux interprète de l'École française et son nom doit rester gravé au foyer des artistes du théâtre, dont il contribua largement à assurer les succès. Les peintres, les sculpteurs, les compositeurs, laissent après eux leur œuvre ; le chanteur... un souvenir ! Pourquoi, puisque les phonographes et gramophones ont fait un si grand pas vers la perfection, pourquoi ne pourrait-on recueillir dans les bibliothèques des théâtres subventionnés, ou à la Bibliothèque du Conservatoire, la voix des artistes qui ont contribué au renom de la musique ? Par des disques choisis, leur voix serait encore présente, et plus tard, lorsque l'on discuterait de tel timbre, de telle émission, de telle articulation, l'on pourrait trouver des documents certains, et dire : la preuve est ici. Saleza, Noté, Cornubert, Louis Cazette, Léon Beyle...
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En plus de la culture physique qu'il pratiquait journellement, Léon Beyle adorait un sport : l'automobile. Il fit ses débuts avec une Serpollet, à laquelle il apporta même une invention relative à l'allumage des brûleurs, — et Serpollet lui fit prendre un brevet. Toute la mécanique l'intéressait au plus haut point, il fallait le voir allongé sous sa voiture pour réparer une pièce, ou bien faisant une installation électrique pour recharger ses accumulateurs ! Le 1er août 1914, il devait chanter à Evian ; la nouvelle de la mobilisation connue, il repart de toute la vitesse de sa voiture sur Paris ; il marche de nuit ; au petit jour, étant au volant, la fatigue le surprend et un coup de direction envoie l'auto dans un précipice. Par bonheur la route est bordée d'un petit mur, et l'auto reste suspendue, retenue seulement par le pont et les roues arrière ! Il laisse l'auto dans cette position, impatient de gagner Paris, en confiant sa voiture aux bons soins des habitants du village voisin ; quelques mois plus tard il retrouvait sa voiture garée chez le maire du village, qui se rappelait avoir applaudi Léon Beyle à l'Opéra-Comique. Tel fut le chanteur, tel fut l'homme.
(André Allard, Lyrica, septembre 1922)
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Léon Beyle dans Werther (Werther)
Léon Beyle dans Werther (Werther)
Pie Jesu (Stradella) Léon Beyle et Orchestre Disque Pour Gramophone 3-32942, mat. 14214u, enr. à Paris le 23 décembre 1908
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"Alceste, au nom des dieux" extrait de l'acte III d'Alceste de Gluck Léon Beyle (Admète) et Orchestre Disque Pour Gramophone 032283, mat. 02701v, enr. à Paris le 14 mai 1913
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"Séjour de l'éternelle paix" extrait de l'acte IV de Castor et Pollux de Rameau Léon Beyle (Castor) et Orchestre Disque Pour Gramophone 032292, mat. 02721v, enr. à Paris le 17 juin 1913
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Air des Larmes extrait de l'acte III de Martha de Flotow (version française) Léon Beyle (Lionel) et Orchestre Pathé saphir 90 tours n° 1450, réédité sur 80 tours n° 157, enr. en 1912/1913
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"Le ciel luisait d'étoiles" extrait de l'acte III de la Tosca de Puccini (version française) Léon Beyle (Mario Cavaradossi) et Orchestre Pathé saphir 90 tours n° 3242, réédité sur 80 tours n° 157, enr. en 1912/1913
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voir également les enregistrements d'Agnus Dei, d'Ave Maria, de Carmen (acte II. "Je vais chanter", "Air de la Fleur", "Non, tu ne m'aimes pas"), de Crucifix !, de Faust (actes I. "Salut! ô mon dernier matin" et II. Valse), d’Hérodiade (acte IV "Duo du Souterrain"), de Manon (acte I "Nous vivrons à Paris" ; acte II "On l'appelle Manon", "Adieu, notre petite table", "le Rêve" ; acte V "Duo final"), de Mireille (acte I Duo), de Roma (acte III "Soir admirable") et de Werther (acte I "Duo du Clair de lune" ; acte II "Un autre est son époux"), de Berthe Auguez de Montalant, de Marthe Bakkers, de Marthe Chenal et de Rose Heilbronner