Jules BOSQUIN
Jules Alexandre BOSQUIN dit Jules BOSQUIN
ténor français
(Déville-lès-Rouen, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime], 29 septembre 1843* – Paris 16e, 25 mars 1909*)
Fils de François Alexandre BOSQUIN (Déville-lès-Rouen, 13 septembre 1809 – av. 1882) cordonnier, et de Florestine Victoire LOUVET (Heugon, Orne, 16 juillet 1815 – ap. 1882), mariés à Déville-lès-Rouen le 23 avril 1839*.
Epouse à Paris 1er le 30 mai 1882* Marie Ernestine SCHREDER (Saint-Brieuc, Côtes-d'Armor, 21 décembre 1860 –) [remariée à Paris 8e le 27 novembre 1919 avec François Félix HANRION].
Il entre au Conservatoire de Paris en 1862 où, élève de Laget, il obtint des prix de chant (3e accessit en 1863 ; 1er accessit en 1864 ; 2e prix en 1865), et, en 1864, un 1er accessit d’opéra et un 2e accessit d’opéra-comique. Il fut engagé en 1865 par Léon Carvalho au Théâtre-Lyrique. Après avoir chanté quelques temps à Marseille, il rentra au Théâtre-Lyrique où il réussit dans Martha et les Noces de Figaro. Le 26 novembre 1868, Jules Pasdeloup reprit l’Iphigénie en Tauride de Gluck où il remporta un grand succès dans le rôle de Pylade. Il entra alors à l’Opéra, où il débuta le 18 octobre 1869 dans la Favorite (Fernand). Il y créa Erostrate de Reyer en 1871 et Polyeucte de Gounod en 1878. Parallèlement, il avait chanté aux Concerts du Conservatoire (sociétaire le 14 mai 1872 ; démissionnaire le 28 janvier 1873), et créé la version oratorio de Marie-Magdeleine (Jésus) de Massenet à l'Odéon le 11 avril 1873. Il quitta l’Opéra en 1881. En 1884, il chanta au Théâtre-Populaire-Lyrique sous la malheureuse administration de M. Lagrenée.
En 1882, il habitait 12 rue de Naples à Paris 8e ; en 1905, 96 avenue Kléber à Paris 16e où il est décédé en 1909 à soixante-cinq ans. Il posséda « le Manoir » à Hénouville, Seine-Inférieure [auj. Seine-Maritime].
Sa carrière au Théâtre-Lyrique
Il y débuta le 06 octobre 1865 dans Don Pasquale (Octave).
Il y chanta Rigoletto (le Duc de Mantoue, 19 décembre 1865) ; Martha ; les Noces de Figaro ; Iphigénie en Tauride (Pylade, 26 novembre 1868).
Il y créa le 23 octobre 1867 les Bleuets (Fabio) de Jules Cohen ; le 11 décembre 1867 Cardillac (Olivier) de Lucien Dautresme. |
Sa carrière à l'Opéra de Paris
Il y débuta (salle Le Peletier) le 18 octobre 1869 dans la Favorite (Fernand).
Il chanta le Freischütz (Max, 1870) ; Faust (Faust, 1871) ; Don Juan (Don Ottavio, 1872) ; Robert le Diable (Raimbaut, 1872) ; Hamlet (Laërte, 1874) ; la Juive (Léopold, 1875) ; Guillaume Tell (Ruodi, 1875) ; la Muette de Portici (Alphonse, 1879).
Il participa le 16 octobre 1871 à la première d’Erostrate (Scopas) d’Ernest Reyer.
Il y créa le 07 octobre 1878 Polyeucte (Sextus) de Charles Gounod. |
Jules Bosquin en 1874
Artistes, chanteurs, instrumentistes, continuent à se succéder dans les salons de Mme Ernest Lévi-Alvarès, rue Saint-Louis-au-Marais. […] Et l’autre soir, nous y avons entendu un jeune ténor, élève de M. Laget, un vrai phénomène vocal dont nos théâtres pourraient bien un jour s’emparer avec bonheur : il se nomme Jules Bosquin, – retenez bien ce nom ! – Fils d’un simple artisan de Rouen, comme Poultier, il y a toute une fortune dans son gosier. Avis à nos impresarii. (le Ménestrel, 08 mars 1863)
C’est aujourd’hui, à midi précis, en l’église Saint-Germain-l’Auxerrois, que sera célébré le mariage de M. Jules Bosquin, artiste de l’Opéra, avec Mlle Marie Schreder, fille d’un négociant de la rue Bertin-Poirée. Trois anciens camarades de M. Bosquin, MM. Sellier, Lassalle et Boudouresque, chanteront à sa messe de mariage : M. Sellier se fera entendre dans l’Ave Maria de Gounod, avec solo de violon par M. Garcin et accompagnement de harpe par M. Prumier ; MM. Lassalle et Sellier, dans l’O salutaris de Dietsch. (le Figaro, 01 juin 1882)
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Jules Bosquin, en costume de scène, en 1870
Jules-Alexandre Bosquin est né à Déville-lès-Rouen, le 29 septembre 1843, dans la boutique d'un cordonnier. Jusqu'à l'âge de dix-neuf ans il travailla avec son père. Mais on lui avait fait remarquer qu'il avait de la voix, et lui-même s'en était aperçu. Il entra au Conservatoire en 1862 ; à la fin de sa seconde année d'études enlevait le second prix de chant et alors était enlevé à son tour du Conservatoire par M. Carvalho pour le compte du Théâtre-Lyrique où il débuta.
Il débuta dans le rôle d'Ottavio, de Don Pasquale, et commença sa carrière théâtrale avec l'hiver de l'année 1865. C'est au théâtre que les qualités d'un artiste s'accentuent, avec l'expérience des planches, tandis que les études avec l'orchestre forment le chanteur. La nature de la voix de M. Bosquin le prédisposait à être un chanteur classique... L'an d'après il quitte le Lyrique et est engagé par M. Halanzier, alors directeur à Marseille, où il passe la saison de 1866-67. Il est réengagé par M. Carvalho, sur la demande expresse de M. Cohen, dans l'opéra duquel (les Bleuets) il créa le rôle de Fabio.
En 1869, il entra à l'Académie de musique et chante la Favorite avec assez de réussite pour que l'administration lui ait conservé le rôle de Fernand depuis ce jour.
Nous retrouvons M. Bosquin dans les soirées de la Société des concerts du Conservatoire, ou bien aux Concerts Populaires. Lorsque M. Pasdeloup nous fait entendre des œuvres de style, M. Bosquin est presque toujours l'interprète choisi. On a recours également à lui pour l'audition des cantates des prix de Rome, en un mot, nous le rencontrons dans toutes les circonstances où il faut un talent sûr et éprouvé.
M. Bosquin est toujours, il faut le dire à sa louange, disposé à se prêter à toutes les combinaisons où on le croit utile. C'est un artiste modeste, intelligent et consciencieux, qui sait fort bien qu'il n'y a rien de petit dans l'Art, et qui le prouve.
Pendant le siège, qu'il a passé à Paris, il était l'un des attraits des concerts donnés par les artistes réunis en association.
Il a contribué à la représentation d'Erostrate.
En terminant cette biographie, nous croyons devoir entrer dans quelques considérations sur la situation de M. Bosquin à l'Opéra, et nous dirons : Pour constituer une excellente troupe d'opéra, il faut, à côté des premiers sujets, réunir des artistes doués de moyens naturels moins brillants, mais rompus aux difficultés de l'art, comprenant toute la valeur de l'enseignement contenu dans ce vers : "Tel brille au second rang qui s'éclipse au premier." Ces artistes arrivent d'ailleurs aussi bien et quelquefois mieux que les chefs d'emplois, à s'imposer au public par la façon relativement supérieure dont ils remplissent des rôles trop souvent dédaignés.
C'est ainsi qu'autrefois les Lafont, les Alexis Dupont, les Massol, les Marié, les Poultier ont su conquérir une haute réputation, tout en n'ayant jamais essayé de se mesurer avec les Nourrit, les Duprez, les Levasseur ou les Barroilhet.
Aujourd'hui, l'Opéra compte encore deux talents de ce genre : MM. Caron et Bosquin. Ces excellents artistes sont toujours disposés à se contenter des rôles de demi-caractère, comme aussi ils sont tout prêts à remplacer au pied levé et dignement les premiers sujets indisposés, enroués ou refusant le service.
(le Nouvel Opéra, 1875)
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le Manoir, à Hénouville, propriété de Jules Bosquin